Martial Solal a dit un jour « Il y a deux choses auxquelles j’ai du mal à croire: Dieu et Jean Sébastien Bach ». En plus de celles-là, ma troisième perplexité me vient des Carnets d’Hokusai, … entre autres.
Ce bateau est dessiné dans la baie Tago sur la route du Tokaido. Un poème de Manyoshu qui évoque cette baie est connu de tous les japonais. Hokusai y a croqué des ramasseurs de sel sur la plage et ce bateau sur des flots qui permettent d’identifier immédiatement son style.
Carnets de croquis de Hokusai
Carnets 1 à 14 Ère Bunka, an XI (1814), fin de l’ère Edo (1814-1867)
Livres edehon, format hanshibon
Éditeur : Eiraku-ya Tōshirō Tsuwano
Katsushika Hokusai Museum of Art
« L’artiste parcourait le pays, de Kyoto – l’ancienne capitale – à Edo, en passant par Nagoya, depuis déjà deux ans, croquant au passage tout ce qui pouvait passer sous ses yeux : fleurs, animaux, figures populaires et autres expressions saisies sur le vif. Mais c’est l’artiste Gekkotei Bokusen qui le convainquit de publier ses innombrables carnets de voyages, recueils d’études et d’esquisses et répertoires de motifs aussitôt réutilisés et réinterprétés par ses homologues japonais. De 1814 à 1878, Hokusaï publia ainsi quinze volumes de Mangas, somme colossale qui le fit connaître ensuite en Occident, tout autant que les Vues du mont Fuji .»
Extrait de l’article écrit par Sylvie Blin le 6 Octobre 2014.
L’origine du Manga : Les 12 carnets de croquis du voyage de Kyoto à Edo.
Hokusai est un peintre, dessinateur, graveur et auteur d’écrits populaires japonais qui naquit et mourut à Edo à 88 ans. Il est adopté vers l’âge de trois ou quatre ans par son oncle Nakajima Ise (中島) qui est artisan à la cour du shogun. De 1773 à 1774, il est en apprentissage dans un atelier de xylographie.
En 1778, il intègre l’atelier du maître Katsukawa Shunsho, spécialiste des portraits d’acteurs. A sa mort, lorsqu’il quitte l’atelier, Hokusai connaît alors une période de grande pauvreté durant laquelle il étudie les techniques des écoles de Kano Yusen, Tsutsumi Torin et Sumiyoshi Naiki. Il s’imprègne aussi de l’influence de l’art occidental et découvre la perspective grâce à Shiba Kokan, artiste japonais qui fréquente les Hollandais (les seuls européens ayant accès au port de Nagasaki). Vers 1794, Hokusai réintègre une école classique : le clan Tawaraya de l’école Rimpa.
En 1804, il peint, dans la cour du temple d’Edo, au moyen d’un balai et d’un seau d’encre de Chine, un Daruma (figure sacrée mythique) géant de plus de 240 m2 que l’on doit hisser jusqu’aux toits pour permettre à l’assistance de l’admirer. Il réitère cet exploit en 1817 à Nagoya.
En 1812, Hokusai commence à parcourir le pays, de l’ancienne capitale Kyōto à la ville nouvelle d’Edo. Suivant les conseils de l’artiste Bokusen, il publie deux ans plus tard le premier Manga : Un recueil de ses 14 carnets de croquis, d’études originales et marginales.
1831 voit la parution d’une de ses œuvres majeures, la série d’estampes Fugaku Sanjūrokkei ou Trente-six vues du mont Fuji (en réalité 46 estampes dont la Grande Vague de Kanagawa) qui lui vaut une reconnaissance internationale. Il se sert à cette époque du bleu de Prusse, introduit au Japon en 1829.
En 1836, Edo connaît la Grande Famine Tenpō. Hokusai survit grâce à la vente de ses œuvres contre un peu de nourriture. Trois ans plus tard, un incendie dévaste son atelier, détruisant les travaux accumulés durant les dernières années. C’est à cette époque qu’un jeune artiste, Hiroshige Ando vient concurrencer sa célébrité.
Hokusai a eu cinq enfants de ses deux femmes. Il laisse derrière lui une œuvre qui comprend 30 000 dessins sous près de 80 noms différents. Son œuvre influença de nombreux artistes européens, en particulier Paul Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et Alfred Sisley, qui initieront le mouvement artistique appelé « Japonisme ». Sur son lit de mort, ses dernières paroles furent:
« Si le ciel m’avait accordé encore dix ans de vie, ou même cinq, j’aurais pu devenir un véritable peintre»